Les Canards

Les Canards

2 octobre 2022 Non classé 0

Tout détenteur d’oiseaux ayant un accès à l’extérieur est tenu d'en faire la déclaration auprès du maire du lieu de détention des oiseaux (1). Le but est d’être informé des mesures préfectorales de lutte contre l’influenza aviaire.

Les anatidés peuvent être des espèces domestiques ou non domestiques (=exotiques) : identifier votre espèce dans la liste des espèces domestiques (2) ou dans l’annexe 2 del’arrêté du 8 octobre 2018 pour les espèces non domestiques (3).

  • Pour les espèces domestiques, il n’y a pas d’autres obligations légales en dessous de 50 individus (4) (pour connaître les spécificités de votre ville ou votre département, se référer au plan local d’urbanisme et au règlement sanitaire départemental). Concernant les troubles du voisinage, il vous faut faire attention aux nuisances sonores, olfactives (évacuation des fumiers) et aux éventuelles divagations d’animaux(5, 6).

    Toute volaille qui s'enfuit dans les propriétés voisines ne cesse pas d'appartenir à son maître même s'il l’a perdue de vue. Néanmoins, celui-ci ne peut plus les réclamer un mois après la déclaration qui doit être faite à la mairie par les personnes chez lesquelles ces animaux se sont enfuis.

  • Les espèces exotiques doivent être identifiées et sont soumises à des règles de commercialisation, d’importation et de détention selon l’espèce.

    La commercialisation et l’importation sont régies par le Règlement (CE) N° 338/97 du Conseil du 9 décembre 1996 (7).

    La détention est régis par l’arrêté du 8 octobre 2018 (3). Se référer à l’annexe 2 pour connaître la réglementation de votre canard, oie ou cygnes.

On peut regrouper les anatidés en 4 grandes catégories (8) :

  • Les barboteurs : ce sont des canards qui occupent le plus clair de leur temps à la surface de l’eau, leurs pattes sont donc moins robustes.

    Ils broutent les algues et les herbes en surface. Dans cette catégorie se trouve la plupart des canards et les cygnes.

  • Les plongeurs : plus élancés, les pattes plus en arrière du corps, ces canards plongent pour fouiller et trouver leur nourriture. On devinera qu’il faudra leur fournir une eau profonde et clair.

  • Les percheurs : aux pattes plus robustes, ces canards nidifient et se reposent à l’abri des branches et des troncs. On retrouve ici les Dendrocygna ou encore le canard mandarin.

  • Les pâtureurs : ce sont ceux aptes à la marche et grands amateurs d’herbe et de fourrage. Oies, bernaches, céréopses et ouettes font parties de cette catégorie. L’espace est donc un incontournable pour ces brouteurs.

Si vous connaissez le genre de votre anatidé, vous pouvez retrouver son mode de vie dans la figure 1.

Dans tous les cas, pour le bien-être de votre animal, vous devez absolument lui fournir (figure 2) :

  • Un point d’eau

  • Un parcours herbeux

  • Un abri

  • Des enrichissements : sociaux, alimentaires…

1) Le point d’eau

Il est l’élément central : source de boisson, nourriture, de la locomotion, de l’exploration et donc de l’exercice physique, il permet également une bonne hygiène via le lissage des plumes (8).

Il faut être vigilant sur :

  • la profondeur : minimum la longueur du cou pour les barboteurs, percheurs et pâtureurs, plusieurs fois la longueur du corps pour les plongeurs (9).

  • la propreté : les plongeurs ont besoin d’avoir une bonne visibilité, et rappelons que c’est une source de boisson (10).

  • l’érosion des berges : que ce soit en bassin artificiel ou naturel, les bords doivent être en pente douce, nombreux, et aménagés (rampe, cailloux…) (10).

2) Le parcours herbeux

Il est indispensable pour favoriser l’exercice physique et surtout comme source de nourriture pour les pâtureurs !

Il doit comporter :

    • une grande surface : 100 m² par oie pour conserver l’herbe par exemple.

    • des substrats divers et souples pour prévenir les pododermatites.

    • Buissons, arbres pour les percheurs et les espèces « timides ».

    • Un bac à grit pour améliorer la digestion.

Plus spécifiquement pour les pâtureurs :

      • Plusieurs pâtures pour effectuer des rotations afin de reposer et assainir le sol.

      • Attention aux plantes toxiques (if, hortensia, morelle noire, houx, laurier rose, marronnier d’inde, muguet, rhododendron, ricin, troène…).

3) L’abri

C’est l’espace de repos, de protection contre les prédateurs et le lieu de la nidification.

Il peut se présenter sous forme de nichoirs isolés ou d’un abri collectif (10).

Voici les principes de bases de construction d’un abri :

« Simple, solide, confortable, sécurisé, facile et rapide à nettoyer » (11) :

      • Surface variable : ordre d’idée de 1 m² par oie.

      • Ouverture principale côté sud : prévention contre les parasites lucifuges.

      • Aération : Trou de 10 cm de chaque côté en haut et en bas.

      • Sol bétonné : nettoyage et désinfection aisé

      • n+1 pondoirs au sol légèrement surélevés

      • Litière sol : 10-15 cm d’épaisseur de foin/paille (les anatidés ne grattent pas, il faut une litière aérée)

● Il est intéressant d’installer l’abri au centre du plan d’eau pour bénéficier d’une protection contre les prédateurs (indispensable pour les cygnes).

4) Autres points utiles

      • Clôtures et sécurité : primordiales contre certains prédateurs (renards, chiens, …)

      • Biosécurité

        Il est important d’aménager une zone d’infirmerie et de quarantaine lors d’introduction de nouveaux individus.

5) Enrichissements

Les enrichissements permettent d’assurer la stabilité physique et mentale de votre animal. En d’autres termes, ils sont les garants du bien-être (12).

Les enrichissements sont de 3 ordres :

      • L’environnement : il doit être varié (en substrat non abrasif ou dur, en cachettes, en zones thermiques, olfactives, de hauteur…), il ne doit pas être statique (on change régulièrement les aménagements et leur place).

      • L’alimentation : elle doit être variée et sa recherche plus difficile qu’une simple mangeoire ! Votre canard sera obligé de travailler, de réfléchir pour obtenir sa nourriture, cela peut vous frustrer de prime abord, mais vous découvrirez un répertoire comportemental différent, plus large et fascinant. Il est aussi utile de permettre à chaque type d’anatidés d’accéder de manière sélective à l’aliment (cf. Alimentation) (8).

      • Le contact social : plus de 2 individus par espèce (8).

Les enrichissements permettent d’augmenter l’activité physique : votre animal sera ainsi moins sujet à la prédation (8).

● Petit point végétation (10) :

Comment faire pousser des plantes sans qu’elles ne se fassent piétinées ou dévorées ?

Le plus important est de choisir des espèces robustes de nos régions et de les protéger au début de leur développement avec un grillage, des canis…

Voici quelques exemples : Iris pseudacorus, les rhubarbes, les hellébores, les ligulaires, les plantes aromatiques, la bocconie cordée, les carex et joncs…

Eviter les bambous, envahissants et destructeurs !

Les anatidés sont prédisposés génétiquement à l’obésité et à la stéatose hépatique (= foie gras).

Cette accumulation de gras est principalement liée aux sucres simples.

Votre rôle sera de prévenir l’obésité… Comment ?

  • Favoriser l’exercice physique avec un environnement enrichi.

  • Favoriser la recherche alimentaire : cacher la nourriture et diminuer son accessibilité.

  • Favoriser les légumes verts.

  • Réguler la quantité de sucres simples en diminuant les granulés.

En milieu naturel, les anatidés se nourrissent d’herbes, de végétaux divers, de bulbes, de racines…

Pour éviter tout déficit nutritionnel, le mieux est une alimentation diversifiée grâce à un parcours riche.

En règle générale, la ration alimentaire est composé de granulés (= base nutritionnelle), de végétaux, d’huile de poisson ou de graine de lin (source en oméga 3) et de levure de bière (source en vitamines B3).

● Pour les anatidés barboteurs, percheurs et plongeurs (hors cygnes) :

Végétaux verts + 50% Granulés + Insectes + Huile de poisson + Levure de bière

● Pour les anatidés pâtureurs :

Fourrage/Herbe + 25-50% Granulés + Huile de poisson + Levure de bière>

● Enfin petite particularité pour les cygnes :

Herbes / Plantes aquatiques du plan d’eau + 50% Granulés + Huile de poisson + Levure de bière

L’huile de poisson sera donnée sous forme de gélules entières ou ouvertes (attention très instable) de 300 mg (petites espèces) à 600 mg (grandes espèces).

La quantité de levure de bière est de 1 tasse pour 1 kg de granulés.

L’aliment sera distribué dans un récipient adapté (flottant, perché, protégé…), protégé de la pluie et doit être stocké à l’abri de l’humidité ou des ravageurs. Les anatidés sont souvent des animaux grégaires : il est donc important de fournir des mangeoires leur permettant de se nourrir à plusieurs individus en même temps (9).

  • La vaccination doit être discutée avec votre vétérinaire : elle dépend des maladies présentes sur votre territoire, de l’espèce ainsi que du contexte épidémiologique de votre élevage d’anatidés (8).

  • Les parasites externes sont à surveiller, un traitement est nécessaire seulement en cas de présence excessive.

  • La vermifugation est recommandée surtout chez les jeunes, toutes les 2 semaines jusqu’à 12 semaines d’âge ; les adultes sont surveillés par coproscopie au moins deux fois par an (avant l’hiver et avant la période de reproduction au printemps) (13).

1) Entretien de l’abri

Nettoyage quotidien grossier + Changement de litière toutes les 1-2 semaines (selon saison)

2) Entretien du point d’eau

3) Entretien et surveillance des clôtures

4) Entretien de vos anatidés

Surveillance Parasites externes

Espérance de vie : 10-20 ans

Points importants à surveiller :

  • Comportement (mobile, changement d’habitude…)

  • Aspect des fientes

  • Appétit

  • Obésité

1. Arrêté du 24 février 2006 relatif au recensement des oiseaux détenus par toute personne physique ou morale en vue de la prévention et de la lutte contre l’influenza aviaire. [en ligne]. [Consulté le 20 décembre 2022]. Disponible à l’adresse: https://www.legifrance.gouv.fr/loda/id/JORFTEXT000000268650

2. Arrêté du 11 août 2006 fixant la liste des espèces, races ou variétés d’animaux domestiques. [en ligne]. [Consulté le 18 décembre 2022]. Disponible à l’adresse: https://www.legifrance.gouv.fr/jorf/id/JORFTEXT000000789087

3. Arrêté du 8 octobre 2018 fixant les règles générales de détention d’animaux d’espèces non domestiques. [en ligne]. [Consulté le 17 décembre 2022]. Disponible à l’adresse: https://www.legifrance.gouv.fr/loda/id/JORFTEXT000037491137/

4. Circulaire du 10 août 1984 relative au titre VIII du règlement sanitaire départemental type : prescriptions applicables aux activités d’élevage et autres activités agricoles. [en ligne]. [Consulté le 27 décembre 2022]. Disponible à l’adresse: https://aida.ineris.fr/reglementation/circulaire-100884-relative-titre-viii-reglement-sanitairedepartemental-type

5. Article L211-4 du Code rural de et la pêche maritime. [en ligne]. [Consulté le 27 décembre 2022]. Disponible à l’adresse: https://www.legifrance.gouv.fr/codes/article_lc/LEGIARTI000035510413

6. Article L211-5 du Code rural de et la pêche maritime. [en ligne]. [Consulté le 27 décembre 2022]. Disponible à l’adresse: https://www.legifrance.gouv.fr/codes/article_lc/LEGIARTI000044233368

7. Règlement (CE) n° 338/97 du Conseil du 09/12/96 relatif à la protection des espèces de faune et de flore sauvages par le contrôle de leur commerce. [en ligne]. Disponible à l’adresse: https://aida.ineris.fr/reglementation/reglement-ndeg-33897-conseil-091296-relatif-a-protection-especes-fauneflore#:~:text=L'objectif%20du%20pr%C3%A9sent%20r%C3%A8glement,d%C3%A9finie%20%C3%A0%20l'article%202.

8. GREENACRE, C. et MORISHITA, T. (2021). Backyard poultry medicine and surgery : a guide for veterinary practitioners. Second edition. Hoboken : Wiley-Blackwell. 662 p. ISBN 978-1-119-51175-5.

9. PINGEL, H., GUY, G. et BAÉZA, E. (2012). Production de canards. Versailles : Éditions Quæ, 2012. 254 p. ISBN 978-2-7592-1792-2.

10. PÉRIQUET, J.-C. (2018). Les anatidés d’ornement. Club de la volaille Meusienne. 894 p. ISBN 978-2-9532896-5-7.

11. HUSSON, H. (2022). Élever des poules : des alliées vers l’autonomie. Paris : Ulmer. 128 p. Résiliences. ISBN 978-2-37922-234-4.

12. LINSART, A. (2022). Transcender la roue du hamster, ou l’enrichissement du milieu chez les NAC. In : AFVAC -Proceedings du Congrès du Groupement d’Etude des Nouveaux Animaux de Compagnie : De la crête au pompon. Mulhouse, 8 novembre 2022. pp. 116‑119.

13. LLOYD, C. (2003). Control of nematode infections in captive birds. In Practice. 1 avril 2003. Vol. 25. DOI 10.1136/inpract.25.4.198.

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