La Chèvre (Capra hircus)

La Chèvre (Capra hircus)

2 octobre 2022 Non classé 0

Les races de chèvres Capra hircus sont des animaux domestiques (2) dont la législation est régie par leur statut d’animal de rente.

Voici vos obligations :

  • Déclaration dès un individu auprès de l’Etablissement départemental de l’élevage (EDE) pour obtenir un numéro de cheptel :Chaque année un imprimé de recensement doit être envoyé.

  • L’identification est obligatoire par marques ou boucles auriculaires, tatouage, transpondeur ou par une marque sur le pâturon, et doit être effectué entre la naissance et 6 mois d’âge (3).

  • Tout caprin faisant l’objet d’une vente, d’un don ou d’un mouvement (éco-pâturage) doit être accompagné d’un document de circulation en 2 exemplaires pour détenteur de départ et d’arrivée. Le mouvement doit être notifié dans les 7 jours à l’EDE via un courrier ou internet.

  • Un vétérinaire sanitaire doit être désigné auprès de la DDPP : Il assure la prophylaxie, la surveillance et la lutte contre les maladies réglementées.

  • Pour les petits détenteurs de caprins et ovins (5 individus ou moins), vous êtes dispensés de la qualification officiellement indemne de brucellose et des dépistages : attention, si vous possédez un bovin, si vos animaux vont être en contact avec d’autres troupeaux (vente, pension, éco-pâturage…), si vos animaux sont destinés à la vente (viande…), des dépistages sont nécessaires tous les 5 ans et un certificat sanitaire est obligatoire.

  • En cas d’avortements (3 ou plus) sur une période de 7 jours ou moins, vous avez l’obligation de prévenir votre vétérinaire sanitaire. La brucellose est une cause possible, c’est une maladie grave transmissible à l’homme et aux autres ruminants, sa surveillance est nécessaire et indispensable pour nous protéger.

  • Si votre animal vient à mourir, vous ne pouvez pas l’enterrer, l’équarrissage est obligatoire. Vous pouvez contacter votre vétérinaire pour obtenir les coordonnées.

Les chèvres sont originaires du proche et moyen orient. Elles ont été domestiquées il y a plus de 10 000 ans (4).

Dans leur milieu d’origine, les chèvres sont des animaux grimpeurs, dont les sabots sont adaptés aux terrains escarpés : se percher leurs permet de se protéger des prédateurs. Elles affectionnent les terrains arbustifs et rocheux dont elles tirent leurs minéraux. Les plateformes surélevées sont ainsi nécessaires pour diminuer leur stress et favoriser l’exercice physique (5, 6).

Les chèvres nécessitent ainsi un abri et un parcours arbustif et enrichi en plateformes surélevées.

Les clôtures sont un élément primordial à réfléchir car elles seront mises à rude épreuve (7).

1) Le parcours (6)

Pour promouvoir le bien-être de votre chèvre, le mieux est de se rapprocher du milieu naturel.

Le parcours doit être accidenté, irrégulier, rocheux, drainant (sol sableux ou calcaire à privilégier aux terrains argileux), herbeux et comportant de multiples arbres et arbustes dont la gestion est capitale.

Le sol dur, sec, rocailleux et les capacités d’escalade permettent d’assurer une bonne santé du pied et l’usure des onglons.

Les chèvres sont consommatrices de feuilles/branches (70 à 100% de leur régime alimentaire en pâture broussaillée ) et d’herbe .Elles sont plus sensibles au parasitisme car au cours de l’évolution, elles en ont rencontré beaucoup moins en consommant les végétaux en hauteur loin des déjections. La gestion du parasitisme comprend donc la plantation d’arbres fourragers, d’une alimentation qui ne repose pas uniquement sur l’herbe, ainsi que de mise au repos de parcelles.

Quels sont les atouts d’une alimentation diversifiée ?

  • La diversité stimule l’appétit.

  • La constitution d’un environnement arboré permet de créer des microclimats favorables(ombre en été, rétention d’eau) à la pousse d’herbe.

En résumé, au printemps, été et automne, vos chèvres seront en pâturage ; et l’hiver, elles auront un espace extérieur plus restreint : l’alimentation reposera sur le foin, les fagots et les concentrés.

Pour la gestion des pâturages en belle saison :

  • Afin d’assurer une bonne repousse de l’herbe (à partir de 15 cm de haut (8) pour une mise au pâturage), une parcelle doit être mise au repos entre 30 et 50j selon le climat : mettre en place des rotations de 5 à 7j sur 7 parcelles, est intéressant (9).

  • La surface de la parcelle dépend de multiples facteurs : recouvrement herbeux, hauteur d’herbe, refus, altération du terrain, précipitation… Le but est d’assurer les besoins d’entretien de votre animal, ainsi la marge de manœuvre est beaucoup plus souple. On peut estimer la surface d’herbe à 100 m²/chèvre (10).Mais toutefois, la mise en place d’arbres fourragers, introduit une nouvelle forme d’abondance alimentaire, réduisant la surface d’herbe nécessaire.

Comment faire concrètement sur son terrain (11) ?

  • Diviser votre terrain en 8 parcelles séparées par des clôtures et des haies fourragères (réserve utile en fourrage en cas de disette) : 7 parcelles de pâture et 1 parcelle permanente (espace de sécurité, d’implantation de l’abri et des enrichissements)

  • Partir de l’existant : identifier les espèces fourragères des espèces toxiques (cf. annexe 1).

  • Eliminer les espèces toxiques.

  • Introduire des espèces fourragères intéressantes (cf. annexe 2).

  • Ajuster la disponibilité de chacune des essences (protection pour les jeunes pousses, tailles en trognes…).

• Quand changer de parcelles ?

Quand la hauteur d’herbe descend en dessous de 5 cm. Vous pouvez utiliser un bâton étalon à la bonne hauteur. Une herbe très haute ne signifie pas une baisse de qualité nutritionnelle mais une baisse de densité énergétique… elle n’en est pas impropre pour autant car l’enrichissement en fibres assure une bonne rumination. L’excès de pousse (au printemps) peut servir à la production de fourrage pour l’hiver (par fauchage).

Pour la période hivernale :

Les parcelles de pâture seront mises au repos. La parcelle de sécurité assurera les sorties, la journée.

1) L’abri (1, 10, 12)

L’abri est le lieu de repos et de protection indispensable en cas d’intempéries comme de sécheresse.

L’optimum thermique se situe entre 10 et 16°C, avec une tolérance entre -5 et 27°C : la chèvre tolère bien les basses températures mais pas les hautes.

La toiture doit donc être isolée.

La ventilation est primordiale avec une entrée et une sortie d’air sans courant d’air : cela permet une évacuation de l’humidité et de l’ammoniac.

La litière peut être de la paille, de la sciure de bois… les deux points importants étant l’épaisseur (le principe est de pouvoir s’agenouiller sans se faire mal) et la propreté (doit toujours être sèche et sans selles). Le nettoyage régulier et efficace est facilité par un sol bétonné.

La surface d’abri doit être de minimum 1,5-2 m² par chèvre (naine).

Enfin, un dernier point important est l’emplacement de l’abri : loin des clôtures pour éviter les fugues.

2) Chèvres et cohabitation (1)

La chèvre est un animal grégaire qui ne doit pas être seul (7).

Les chèvres cohabitent facilement avec moutons, cochons et volailles.

Toutefois il faudra être vigilant concernant l’alimentation de chacun et notamment la pierre à sel (le mouton est sensible à l’excès de cuivre). Les contacts avec chevaux, petits camélidés et chiens sont à surveiller et à adapter au cas par cas.

3) Autres installations et biosécurité

Il est nécessaire d’aménager une zone séparée du reste de l’enclos en cas d’animaux malades (zone d’infirmerie) ou de l’introduction d’un nouvel individu (zone de quarantaine).

1) Abreuvement (10)

Les besoins hydriques varient selon l’alimentation (sèche ou humide), le stade physiologique (gestation, lactation…) ou encore la saison : une chèvre boit entre 4 et 16 L d’eau par jour : le mieux est de laisser à disposition le maximum.

En chèvrerie, les dimensions d’une auge par chèvre sont de 40cm en longueur et 50 cm en largeur (normes hautes).

L’eau doit être propre, fournie à volonté et tempérée (ombre en été et hors-gel en hiver).

2) Alimentation

La chèvre est un herbivore ruminant. Les végétaux fibreux sont l’alimentation de base et suffisent à son entretien : herbes et feuillages en pâture en été ; foin et fagots de branches feuillues séchées en hiver (7).

Entre ces 2 périodes de l’année (ou cas de changement alimentaire brusque), il est primordial de procéder à une transition alimentaire progressive sur au moins 2 à 3 semaines (13).

C’est l’un des ruminants les plus sélectifs : la chèvre trie ses aliments pour ne manger que le meilleur, cela engendre du refus et prédispose aux déséquilibres nutritionnels, notamment l’obésité. Les légumineuses (dans les fourrages) comme les concentrés sont à minimiser au maximum : ils prédisposent aux calculs urinaires (riches en calcium) comme à l’obésité. Les concentrés sont limités au rôle de récompense(exception pour les angora et leurs besoins nutritionnels plus importants en lien avec la production de laine) (7).

Vous devez garder en tête qu’une chèvre naine (15-30 kg) doit, pour couvrir ses besoins d’entretien (hors lactation ou gestation) avoir à disposition entre 1 et 1,5 kg de foin par jour ;cela monte à 2-2,5 kg de foin par jour pour une chèvre de 60 kg (14).

Une pierre à sel sera mise à disposition pour couvrir les besoins minéralo-vitaminiques (7).

En résumé :

Fourrage sous forme d’herbe, d’arbustes et de feuilles, de foin…

(Graminées >> Légumineuses)

+

Bloc à lécher Minéralo-vitaminé

+

Concentrés en quantité limitée (en récompense)

Les enrichissements permettent d’assurer la stabilité physique et mentale de votre animal. En d’autres termes, ils sont les garants du bien-être.

Les enrichissement sont de 3 ordres :

  • L’environnement : varié et non statique. Les chèvres ont besoind’exercice, de surfaces escarpées et de jeux : brosses, rondins, balançoires, ballons, etc.sont autant de moyens d’enrichir le milieu. D’autre part, lors de la rumination, les chèvres affectionnent les surfaces et plateformes en hauteur.

  • L’alimentation : diversifiée et sa recherche doit être compliquée pour faire travailler mentalement votre animal (jeux, cachettes…).

  • Les interactions sociales : La chèvre est un animal social qui ne peut pas vivre seul, c’est également un animal dont le trait comportemental majeur est la dominance et la hiérarchie. Il faut mettre des limites sans utiliser la punition, par exemple par isolement.

Du point de vue de l’apprentissage, le renforcement positif est à privilégier : la seule punition efficace est l’ignorance et l’abord de l’animal doit être doux. Brossage, parage (pied), soins, marche en laisse avec un harnais, palpation et manipulation sont autant d’actes qu’il faut mettre petit à petit en place pour faciliter les déplacements ou encore les soins.

Le choix des vaccins nécessaires (entérotoxémie, rage…) est établi par votre vétérinaire traitant en fonction de la situation épidémiologique, et de la balance bénéfice/risque.

La chèvre est le ruminant le plus sensible au parasitisme. Les causes sont multiples. Elles comprennent une faible immunité antiparasitaire, une excrétion plus rapide des molécules antiparasitaires, ou encore un comportement alimentaire altéré, pâtureur au lieu du comportement naturel cueilleur. En fonction de l’habitat et du contexte épidémiologique, des coproscopies régulières doivent être effectuées par votre vétérinaire traitant. Il mettra en place un plan antiparasitaire sélectif et raisonné, ainsi qu’une gestion des pâtures adaptées.

Surveiller la taille des onglons (surtout si l’animal vit sur sol mou) pour parer au besoin si défaut d’usure.

Brossage régulier des races angora.

Attention aux cornes sur les enfants et au comportement agressif lors du rut.

Avortements et Zoonoses : Tout avortement doit être déclaré auprès de votre vétérinaire sanitaire.

Longévité : Une quinzaine d’année.

Reconnaître un animal malade : Ce sont des animaux-proies qui dissimulent la douleur, quand ils l’expriment, cela est préoccupant. Surveiller tout changement de comportement ainsi que l’embonpoint (par palpation cf. Annexe 3).

• Voici quelques normes physiologiques d’une chèvre adulte :
  • Température normale : 38 à 39,7°C en conditions climatiques normales.

  • Fréquence respiratoire normale : 15 à 30 mouvements par minute.

  • Fréquence cardiaque : 70 à 90 battements par minute.

  • Fréquence ruminale : 1 à 2 contractions par minute.

1. AMIOT, J. (2017). Dossier : NAC de ferme. Bulletin Groupement technique vétérinaire. N° 87, pp. 15‑64.

2. Arrêté du 11 août 2006 fixant la liste des espèces, races ou variétés d’animaux domestiques. [en ligne]. [Consulté le 18 décembre 2022]. Disponible à l’adresse: https://www.legifrance.gouv.fr/jorf/id/JORFTEXT000000789087

3. Règlement (CE) n° 21/2004 du Conseil du 17 décembre 2003 établissant un système d’identification et d’enregistrement des animaux des espèces ovine et caprine et modifiant le règlement (CE) no 1782/2003 et les directives 92/102/CEE et 64/432/CEE. [en ligne]. [Consulté le 19 janvier 2023]. Disponible à l’adresse: https://eurlex.europa.eu/LexUriServ/LexUriServ.douri=OJ:L:2004:005:0008:0017:FR:PDF

4. CNRS. L’Homme et la chèvre, histoire de la domestication. [en ligne]. [Consulté le 19 janvier 2023]. Disponible à l’adresse: https://www.cnrs.fr/fr/lhomme-et-la-chevre-histoire-de-la-domestication

5. WEISSLINGER, M. Les haies sont indispensables au bien-être des animaux vivant en plein air, VRAI ou FAUX ? – Chaire bien-être animal. [en ligne]. [Consulté le 19 janvier 2023]. Disponible à l’adresse: https://chairebea.vetagro-sup.fr/les-haies-sont-indispensables-au-bien-etre-des-animaux-vivant-en-plein-air-vrai-ou-faux/

6. ZOBEL, G., NEAVE, H.-W et WEBSTER, J. (2019). Understanding natural behavior to improve dairy goat (Capra hircus) management systems. Translational Animal Science. 1 janvier 2019. Vol. 3, n° 1, pp. 212‑224. DOI 10.1093.

7. CHARTIER, C. (2018). Pathologie caprine. Du diagnostic а la prévention, 2ème édition. Rueil-Malmaison : Editions du Point Vétérinaire. 379 p. ISBN 978-2-86326-376-1.

8. GENTIL, E. (2017). Le pâturage tournant en élevage caprin. L’ECHO DU CEDAPA. juillet 2017. N° 131, pp. 10‑11.

9. VOISIN, A. (2018). Productivité de l’herbe. Paris : Éditions France agricole, 2018. 400 p. Agriproduction. ISBN 978-2-85557-573-5.

10. PRADAL, M. (2014). Le guide de l’éleveur de chèvres, de la maîtrise à l’optimisation du système de production. Tec&Doc. Paris : Lavoisier. 568 p. ISBN 978-2-7430-1569-5.

11. GOUST, J. (2017). Arbres fourragers: de l’élevage paysan au respect de l’environnement. Escalquens : Terran. 222 p. ISBN 978-2-35981-071-4.

12. PRIEUR, H. (2021). La chèvre, nouvel animal de compagnie : de la consultation de médecine préventive à la consultation gériatrique. Thèse de doctorat vétérinaire. Université Claude-Bernard - Lyon I. 224 p.

13. LECLERC, M.-C. et LEGARTO, J. (2007). Guide pour la conduite du pâturage caprin. Département Techniques d’Elevage et Qualité, Service conduite et traite troupeaux laitiers. 212 p. Résultats. ISBN 1773-4738.

14. INRA. Alimentation des bovins ovins et caprins : besoins des animaux, valeurs des aliments. Tables INRA 2007, mise а jour 2010. [en ligne]. 2010. [Consulté le 11 mai 2023]. Disponible à l’adresse: http://alex.vetagrosup.fr/Record.htm?idlist=7&record=19411586124912397689

15. LINSART, A. (2022). Transcender la roue du hamster, ou l’enrichissement du milieu chez les NAC. In : AFVAC -Proceedings du Congrès du Groupement d’Etude des Nouveaux Animaux de Compagnie : De la crête au pompon. Mulhouse, 8 novembre 2022. pp. 116‑119.

16. GÖTZ, M. Fiche d’information Protection Suisse Animale, Le comportement des chèvres. [en ligne]. 2018. Protection Suisse des Animaux PSA. [Consulté le 11 mai 2023]. Disponible à l’adresse: https://www.protectionanimaux.com/medias/270619/pdf/04_information_psa_comportement_chevres.pdf

17. CHEVEAU, A. (2014). Ethologie : Comportement des chèvres et des brebis : les apports des scientifiques. Echo du CEPADA. avril 2014. N° 112, pp. 7‑8.

18. PUGH, D. G., BAIRD, A. N., EDMONDSON, M., et al. (2020). Sheep, goat, and cervid medicine. Third edition. Edinburgh ; New York : Elsevier. 561 p. ISBN 978-0-323-62463-3.

19. POINT VÉTÉRINAIRE. (1998). Toxicologie des ruminants. Point Vétérinaire. Vol. 29, n°spécial. 172 p.

20. EMILE, J.-C., BARRE, P., DELAGARDE, R., et al. (2017). Les arbres, une ressource fourragère au pâturage pour des bovins laitiers ? Fourrages. Vol. 230, pp. 155‑160.

Annexes :

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