Lamas et Alpagas (Lama glama ; Vicugna pacos)

Lamas et Alpagas (Lama glama ; Vicugna pacos)

2 octobre 2022 Non classé 0

Lama (Lama glama) et alpaga (Lama pacos) sont des animaux domestiques (1) qui doivent être obligatoirement identifiés (2).

Selon l’Arrêté du 5 février 2016 relatif à l'identification des camélidés (2) :

Tout camélidé né en France avant tout mouvement et au plus tard dans les douze mois suivant sa naissance, et tout camélidé né à l'étranger, introduit ou importé sur le territoire national, doivent être identifiés (transpondeur injectable (base de l’oreille gauche) ou boucle auriculaire (conventionnel sur oreille droite et électronique sur oreille gauche)) auprès du gestionnaire du fichier central d'identification des camélidés (qui est l’Institut Français du Cheval et de l’Equitation). Il vous sera attribué un numéro d’identification eSIRECam.

Il n’y a pas de prophylaxie obligatoire à ce jour. Toutefois, tout camélidé décédé présentant des lésions évocatrices de tuberculose doit être déclaré par le vétérinaire. Si l’élevage de camélidés procède à des déplacements d’animaux vers un autre état membre, une visite annuelle par le vétérinaire sanitaire est obligatoire ainsi qu’une autopsie sur les animaux âgés de plus de 9 mois décédés sans cause apparente (3).

Les petits camélidés sont originaires des plaines de hautes altitudes d’Amérique centrale et du Sud. Ils ont été domestiqués il y a plus de 6000 ans avant JC.

Lama comme alpaga ont besoin d’un espace de pâture et d’un espace de sécurité comportant abri, abreuvoir et râtelier.

Les données chiffrées présentées ci-dessous sont extrapolées à partir de l’arrêté du 16 avril 2021 portant homologation du cahier des charges du mode de production biologique des camélidés (4, 5).

1) Les pâtures (6)

Les pâtures jouent 3 fonctions essentielles : l’alimentation (aire de pâture), la défécation (aire de défécation fixe chez les camélidés) et le roulage (aire de roulage).

Le parcours doit être drainant (sol sableux ou calcaire à privilégier aux terrains argileux), herbeux et comportant de multiples arbres (source de fourrage, d’ombrage comme de protection).

Le sol dur, sec et rocailleux permet d’assurer une bonne santé du pied et l’usure des onglons.

Les petits camélidés sont des animaux rustiques dont le pâturage nécessite moins d’attention ou de rotation que les autres ruminants : le pâturage continu est adapté à ces espèces.

Toutefois, il est judicieux d’avoir plusieurs parcs afin d’assurer des rotations quand l’herbe vient à manquer(7) : cela améliore la repousse et l’assainissement des parcelles. Pour faciliter l’adaptation et l’entretien des parcs, vous pouvez choisir l’espace de défécation en déposant d’anciennes fèces dans le coin adéquat du nouveau parc.

En terme d’espace, on recommande 10 alpagas par hectare et 7 lamas par hectare maximum. La forme des parcs a une importance : pour un propriétaire seul, privilégier des parcs en entonnoirs menant à l’abri.

Bien que les lamas et alpagas sont des consommateurs d’herbe et de fourrage, les lamas peuvent parfois être brouteurs d’arbustes. Planter arbres et arbustes est un gage d’abondance alimentaire en cas de sécheresse, un atout pour une alimentation plus diversifiée, et aussi un générateur d’abri et de zones d’ombre (8).

Comment faire concrètement lors de l’acquisition du terrain (8) ?

  • Diviser votre terrain en plusieurs parcelles.

  • Partir de l’existant : identifier les espèces fourragères des espèces toxiques (cf. annexe 1).

  • Eliminer les espèces toxiques et indésirables pour la laine (résineux, bardane, gaillet gratteron, châtaignier).

  • Introduire des espèces fourragères intéressantes (cf. annexe 2).

  • Ajuster la disponibilité de chacune des essences (protection pour les jeunes pousses, clôtures…)

  • Les pâtures doivent être clôturées : Haies vives (attention en hiver), barrières en bois de 1,60m, clôtures électriques (4 à 6 fils (plutôt que des rubans) d’une hauteur de 1,20m à 1,60m), clôtures néo-zélandaises ou grillage à mouton surmonté d’une barre de bois.

Les petits camélidés sont d’excellent sujets au « dressage ». Certaines installations peuvent être aménagées dans cet objectif :

  • Aménager un corral pour rassembler vos animaux (c’est un espace de dressage également).

  • Aménager un couloir de contention pour faciliter les soins et actes vétérinaires (prise de sang, échographie, …).

2) Abri

L’abri est le lieu de repos et de protection indispensable en cas d’intempéries comme de sécheresse.

Rappelons l’intervalle de tolérance thermique du lama : entre -1°C et 27°C par temps sec. Les petits camélidés sont sujets aux coups de chaleur.

La toiture doit donc être isolée, surtout l’été et la zone de sécurité peut être munie de zones d’eau peu profonde (30 cm d’eau) afin de permettre la baignade.

En terme de surface d’abri, on recommande 4 m² de surface habitable par lama (2 m² par alpaga). Le sol doit être en dur (terre battue, béton…) et couvert d’une litière de paille, de copeaux de bois ou de sable.

Les râteliers seront surélevés du sol de 10 cm minimum, avec une longueur d’un mètre par animal et un toit isolé.

3) Lamas, alpagas et cohabitation (6)

Ce sont des espèces grégaires ; n’élever jamais un lama seul (7).

Lamas comme alpagas sont des animaux sociaux avec une organisation sociale fondée sur un groupe de femelles et un mâle territorial ou un groupe de mâles sans femelle.

Pour toute cohabitation entre espèces différentes, la règle générale est d’agir par essais avec surveillance, il faut garder en tête que des espèces différentes n’ont pas le même mode de communication.

4) Autres installations et biosécurité

Aménager une zone d’infirmerie pour les malades et une zone de quarantaine lors d’introduction de nouveaux individus : ces zones doivent être séparées au moins par une double clôture.

1) Abreuvement (6)

Les besoins en eau sont compris entre 50 et 100 ml/kg/j.

Le poids d’un lama peut monter jusqu’à 170 kilos, cela représente 17 L par jour.

L’eau doit être propre, fournie à volonté et tempérée (ombre en été et hors-gel en hiver).

2) L’aliment (6)

Les petits camélidés sont des pseudo-ruminants : ce sont les microorganismes de leur panse qui vont digérer la cellulose des végétaux.

Les camélidés rentabilisent mieux leur ration que les autres ruminants. En ce sens ils ont besoin de moins de foin. Toutefois, le foin est ESSENTIEL et au moins 90% de leur ration doit être composée de fourrages plus ou moins grossiers (4, 5).

A cela s’ajoute, une source énergétique selon l’embonpoint et la période de l’année : granulés/grain ! C’est également un élément important en récompense pour créer un lien avec votre camélidé.

Enfin, la composition en minéraux des fourrages pouvant varier au cours de l’année et de la localisation, une pierre à sel permettra d’assurer un apport minéralovitaminique optimal.

En résumé, l’alimentation doit comporter (6) :

Foin/Herbe (Quantité de foin journalier (2% du poids) = Poids * 0,02)

+ Granulés/Grain selon l’embonpoint 500g – 1kg/jour maximum

+ Bloc à lécher Minéralo-vitaminé spécial petit camélidés

Faire attention aux plantes toxiques dans le fourrage comme dans la pâture : laurier rose, laurier cerise, if, buis, vératre, rhododendron, thuyas, colchiques, guis, acacias, robiniers, lierre, glands de chêne (cf. Annexe 1).

La mise en place de grain/concentré doit être progressive et fonction du poids et du stade physiologique (cf. Annexe 3).

Comprendre le langage du lama/alpaga:

Le comportement du lama s’interprète par l’observation des oreilles et de la queue.

Les oreilles vont être tournées vers l’avant (attitude détendue), vers le sujet d’inquiétude ou vers l’arrière en attitude d’agressivité ou de soumission (la différence est dans le port de la tête haute en agression, basse en soumission).

La queue sera portée à plat sur le périnée en attitude de détente, et va progressivement se replier sur le dos en cas d’inquiétude (port horizontal), d’agressivité (port vertical) ou de soumission (repliée sur le dos).

En cas de stress extrême, votre lama se couche au sol.

Le crachat, interprétations et précautions :

Il s’agit d’un message d’intimidation pour établir une hiérarchie. Le mieux est d’ignorer (ne pas regarder dans les yeux, rester figer ou avoir l’air autoritaire) ce comportement, de s’en écarter, et au contraire de changer les idées de votre animal ou de changer la situation (tapoter le nez en lui redressant les oreilles par exemple).

Eviter de ramener des granulés/grains dans le parc avec tous les individus, ils risquent de cracher par compétition : cela générera un stress et ils vont rendre le granulé repoussant s’il y a de la salive.

Education et Apprentissage :

Ils peuvent commencer dès le sevrage à partir de 7 mois.

Isoler votre animal au calme dans un petit corral et au début, effectuer des séances de 15 min. Il faudra s’armer de patience, de persévérance et de calme. Chaque séance correspond à l’apprentissage d’un élément nouveau, tout doit être très progressif : par exemple, l’introduction pour la première fois dans le corral sans rien faire correspondra au premier apprentissage. Il faut toujours terminer la séance par une révision d’un apprentissage et de temps en temps par une récompense : toujours terminer sur du positif !

Les petits camélidés sont des animaux dont le seul mode de défense est la fuite : Il faut anticiper les réactions de peur pour adapter notre comportement.

Les apprentissages utiles sont l’usage d’une longe, du licol, la désensibilisation de la tête, des pattes, des tétines, du bruit de la tondeuse ou encore de la brosse.

Le choix des vaccins nécessaires (entérotoxémie, rage, rhinopneumonie équine, West Nile virus, Leptospirose…) est établi par votre vétérinaire traitant en fonction de la situation épidémiologique, et de la balance bénéfice/risque.

Pour le parasitisme interne, en fonction de l’habitat et du contexte épidémiologique, des coproscopies régulières doivent être effectuées par votre vétérinaire traitant. Il mettra en place un plan antiparasitaire sélectif et raisonné, ainsi qu’une gestion des pâtures adaptées.

Le traitement des parasites externes est effectué lorsque le parasite est objectivé.

Laine : tonte une fois par an en mai/juin. Après les grands froids et avant les grosses chaleurs.

Surveiller la taille des ongles (surtout si l’animal vit sur sol mou) pour parer au besoin si défaut d’usure.

Rotation des espaces de pâturage.

Reconnaître un animal malade : ce sont des animaux-proies qui dissimulent la douleur, quand il l’exprime, cela est préoccupant. Surveiller tout changement de comportement, aspect des selles ainsi que l’embonpoint (sous la laine par palpation, cf. Annexe 3)(6).

Voici quelques normes physiologiques :

  • Température normale : 37,5 à 39°C en conditions climatiques normales.

  • Fréquence respiratoire normale : 10 à 30 mouvements par minute.

  • Fréquence cardiaque : 60 à 90 battements par minute.

  • Fréquence ruminale : 3 à 4 contractions par minute.

Longévité : 15 - 25 ans

1. Arrêté du 11 août 2006 fixant la liste des espèces, races ou variétés d’animaux domestiques. [en ligne]. [Consulté le 18 décembre 2022]. Disponible à l’adresse: https://www.legifrance.gouv.fr/jorf/id/JORFTEXT000000789087

2. Arrêté du 5 février 2016 relatif à l’identification des camélidés. [en ligne]. [Consulté le 25 mars 2023]. Disponible à l’adresse: https://www.legifrance.gouv.fr/loda/id/JORFTEXT000031984536init=true&page=1&query=Arr%C3%AAt%C3%A9+du+5+f%C3%A9vrier+2016+relatif+%C3%A0+l%27identification+des+cam%C3%A9lid%C3%A9s&searchField=ALL&tab_selection=all

3. Arrêté du 8 octobre 2021 fixant les mesures techniques et administratives relatives à la prévention, la surveillance et la police sanitaire de l’infection par le complexe Mycobacterium tuberculosis des animaux des espèces bovine, caprine et porcine ainsi que des élevages de camélidés et de cervidés. [en ligne]. [Consulté le 18 décembre 2022]. Disponible à l’adresse: https://www.legifrance.gouv.fr/jorf/id/JORFTEXT000044206674

4. Arrêté du 16 avril 2021 portant homologation de l’avenant n° 6 au cahier des charges concernant le mode de production biologique d’animaux d’élevage et portant application des règlements (CE) n° 834/2007 modifié du Conseil et (CE) n° 889/2008 modifié de la Commission. [en ligne]. [Consulté le 18 décembre 2022]. Disponible à l’adresse: https://www.legifrance.gouv.fr/jorf/id/JORFTEXT000043416609

5. Arrêté du 28 décembre 2021 portant homologation du cahier des charges concernant le mode de production biologique d’animaux d’élevage et complétant les dispositions du règlement UE 2018/848 du Parlement européen et du Conseil du 30 mai 2018 et de ses actes secondaires. [en ligne]. [Consulté le 18 décembre 2022]. Disponible à l’adresse: https://www.legifrance.gouv.fr/jorf/id/JORFTEXT000044793347

6. GIUDICELLI, C. et GIUDICELLI, B. (2017). Lamas et alpagas. Les connaître, les élever. 3e. Giudicelli. 159 p. ISBN 978-2-9513598-5-7.

7. HOOLBECQ, M. (2015). Caractéristiques zootechniques et sanitaires de l’élevage d’alpaga (Lama pacos) en France et élaboration d’une base de données hématologiques et biochimiques. Thèse. Maison-Alfort : Faculté de Médecine de Créteil. 150 p.

8. GOUST, J. (2017). Arbres fourragers: de l’élevage paysan au respect de l’environnement. Escalquens : Terran. 222 p. ISBN 978-2-35981-071-4.

9. SOLY, A. (2005). Le lama : contention, examen clinique, généralités thérapeutiques et zootechniques. Thèse. Lyon : Université Claude-Bernard - Lyon I. 112 p.

10. CEBRA, C., ANDERSON, D.-E., TIBARY, A., et al. (2014). Llama and Alpaca Care. 2e. Elsevier. 808 p. ISBN 978-1-4377-2352-6.

11. BRAVO, P. W. (2015). Chapter 60 - Camelidae. In : MILLER, R. Eric et FOWLER, Murray E. Fowler’s Zoo and Wild Animal Medicine, Volume 8. St. Louis : W.B. Saunders, 2015. pp. 592‑602. ISBN 978-1-4557-7397-8.

12. POINT VÉTÉRINAIRE. (1998). Toxicologie des ruminants. Point Vét. Vol. 29, n° spécial. 172 p.

13. LECLERC, M.-C. et LEGARTO, J. (2007). Guide pour la conduite du pâturage caprin. Département Techniques d’Elevage et Qualité, Service conduite et traite troupeaux laitiers. 212 p. Résultats. ISBN 1773-4738.

14. EMILE, J.-C., BARRE, P., DELAGARDE, R., et al. (2017). Les arbres, une ressource fourragère au pâturage pour des bovins laitiers ? Fourrages. Vol. 230, pp. 155‑160.

Annexes :

Annexes_lama_alpaga

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