Le Daim (Dama dama)

Le Daim (Dama dama)

2 octobre 2022 Non classé 0

Le daim est une espèce non domestique (= exotique) potentiellement gibier, le marquage est obligatoire par tatouage auriculaire ou puce électronique dans l’encolure à gauche en cas d’usage non cynégétique (1).

La commercialisation et l’importation sont régies par le règlement (CE) N° 338/97 du conseil du 9 décembre 1996 (2). Le daim est présent dans l’annexe D, pour le faire rentrer sur le territoire français, il faut simplement une notification d’importation.

La détention est régie par l’arrêté du 8 octobre 2018 (1) : Selon l’annexe 2, voici vos obligations :

  • Spécimen mâle : 1 et plus : Certificat de capacité + Autorisation préfectorale

  • Spécimen femelle :

    • 1 à 3 : Déclaration de détention

    • 4 et plus : Certificat de capacité + Autorisation préfectorale

Le daim, originaire d’Asie mineure et introduit dans nos forêts durant l’Antiquité, s’accommode parfaitement d’un milieu forestier à ouvert (4).

Un abri peut être envisagé comme espace de protection contre les intempéries et comme lieu de nourrissage abrité (la température idéale étant de 14°C, le mieux est de s’approcher de cet optimum en été comme en hiver). Il n’est pas indispensable, surtout si le milieu boisé proposé fournit protection et tranquillité (5).

1) Le parc (3)

Le parc doit être composé de plusieurs enclos pour permettre des rotations de pâture (6). Chaque enclos doit comporter un espace boisé : cela assure une protection climatique, une tranquillité, une source alimentaire, et une source d’enrichissements (zones de grattage évitant la détérioration des clôtures).

Pour l’élevage, il est recommandé 2000 m2 par animal adulte incluant le boisé, les pâturages et les superficies en culture pour l’hiver.

● La clôture doit mesurer entre 2 et 2,4 m de haut (maillage du grillage : 10 cm entre les fils verticaux, 5-15 cm entre les fils horizontaux ; fils du bas moins espacés pour éviter aux jeunes de se coincer).

Les daims sont des animaux craintifs, leur déplacement et leur manipulation sont permis par des installations ergonomiques : les couloirs de déplacement ne doivent pas être rectilignes, le parc doit disposer d’un corral avec une installation de contention (dans un endroit calme et sombre).

Il est important d’apporter des enrichissements (7) au sein de l’enclos pour privilégier le comportement exploratoire ou de confort : troncs et rochers (arbres et troncs morts permettent le grattage des cervidés lors de la période de perte du velours), arbustes et buissons, substrats variés.

2) Daim, structure sociale et cohabitation (8)

Le daim est un animal grégaire qui ne doit pas être seul.

L’organisation sociale est centrée sur la cellule maternelle : une femelle et sa progéniture. Plusieurs cellules maternelles peuvent s’associer pour former de grands groupes matriarcaux en hiver. Les mâles forment généralement des groupes de même classe d’âge. Toutefois, en hiver et en milieu ouvert, de grands groupes mixtes cohabitent.

Le rut s’étale de mi-octobre à mi-novembre, c’est une période à risque autant pour vous que les animaux qui vont cohabiter avec eux. La cohabitation avec d’autres espèces est donc à tester avec prudence et à moduler pendant l’année.

3) Autres installations et biosécurité

Il est nécessaire d’aménager une zone séparée du reste de l’enclos en cas d’animaux malades (zone d’infirmerie) ou de l’introduction d’un nouvel individu (zone de quarantaine).

1) Abreuvement (3)

Les besoins hydriques varient selon l’alimentation (sèche ou humide), le stade physiologique (gestation, lactation…) ou encore la saison. Un daim boit entre 4 et 5 L d’eau par jour : le mieux est de laisser à disposition le maximum.

L’eau doit être propre, fournie à volonté et tempérée (ombre en été et hors-gel en hiver).

Les abreuvoirs et les mangeoires doivent être adaptés aux cornes.

2) Alimentation (3, 5, 9, 10)

Le daim est un herbivore ruminant. Les végétaux fibreux sont l’alimentation de base et suffitnormalement à son entretien.

En milieu naturel, les cervidés se nourrissent de :

  • Lichens et petits arbustes en hiver

  • De bryophytes et de graminées au début du printemps

  • Herbes et arbustes, bolets, bouleaux, peupliers, saules du printemps à l’automne.

Chez les cervidés, il y a naturellement une transition alimentaire entre la période estivale et hivernale avec un changement brusque d’alimentation : ils passent d’une ration riche en fibres en printemps/été, à une alimentation pauvre en fibres en hiver. Il en résulte une perte physiologique de 20 % du poids (et ralentissement de la croissance) en hiver.

Pour un daim de compagnie, il faut se rapprocher du milieu naturel et anticiper cette perte de poids. La ration d’été sera riche en protéines et fibres (foin, arbustes et concentrés) et la ration d’hiver plus pauvre (lichens et foins…). Si le parc est suffisamment riche en ressources, ce processus se fait naturellement avec les saisons. La ration d’ été ne sera composée que d’une supplémentation (foin, concentré selon composition du foin et minéraux).

Comme tous les ruminants, en cas de changement environnemental brusque (changement de parc, mise à disposition d’un autre aliment…), il est primordial de procéder à une transition alimentaire progressive sur au moins 2 à 3 semaines.

Enfin, les cervidés sont des ruminants intermédiaires peu sélectifs qui tolèrent à la fois des régimes riches en concentrés comme grossiers : en d’autres mots, leur rusticité leur offre une forte adaptabilité alimentaire tant qu’il y a des transitions alimentaires.

Un bloc de sel-oligo-éléments est nécessaire pour couvrir les éventuels carences vitaminiques et minérales : bloc pour mouton ou spécial cervidés.

En résumé, la ration doit être composée de :

Fourrage sous forme d’herbe, de foin, de feuilles… Pour un daim de 60 kg, cela représente 1,4 kg de foin par jour en hiver, 2,7 kg de foin par jour en été.

+

Bloc à lécher / à sel - Spécial mouton/cervidés

+

Concentrés sous forme de céréales, granulés…

Un apport de concentré (orge, blé, triticale…) est recommandé soit en cas de pauvreté des ressources, soit pour créer un lien avec votre animal. Un suivi de poids ou de l’embonpoint est intéressant pour moduler ces apports.

Les enrichissements permettent d’assurer la stabilité physique et mentale de votre animal. En d’autres termes, ils sont les garants du bien-être.

Les enrichissement sont de 3 ordres :

  • L’environnement : variés et surtout boisé, comportant des installations pour le brossage par exemple.

  • L’alimentation : diversifiée et sa recherche doit être compliquée pour faire travaillermentalement votre animal (fourrages et récompenses suspendus, cachettes…)

  • Les interactions sociales : jamais seul.

Le choix des vaccins nécessaires (entérotoxémie, tétanos…) est établi par votre vétérinaire traitant en fonction de la situation épidémiologique, et de la balance bénéfice/risque.

Le daim est sujet au parasitisme. En fonction de l’habitat et du contexte épidémiologique, des coproscopies régulières doivent être effectuées par votre vétérinaire traitant. Il mettra en place un plan antiparasitaire sélectif et raisonné, ainsi qu’une gestion des pâtures adaptées.

1) Entretien du possible abri

Nettoyage quotidien grossier + Changement de litière selon saison

2) Entretien et surveillance des clôtures

3) Entretien des daims :

Suivi de la perte du poids en hiver

Longévité : 25 ans

Points importants à surveiller :

  • Comportement (mobile, broutage, changement d’habitude…)

  • Etat d’embonpoint

  • Aspect des selles

1. Arrêté du 8 octobre 2018 fixant les règles générales de détention d’animaux d’espèces non domestiques. [en ligne]. [Consulté le 17 décembre 2022]. Disponible à l’adresse: https://www.legifrance.gouv.fr/loda/id/JORFTEXT000037491137/

2. Règlement (CE) N°338/97 du Conseil du 9 décembre 1996 relatif à la protection des espèces de faune et de flore sauvages par le contrôle de leur commerce. [en ligne]. [Consulté le 19 décembre 2022]. Disponible à l’adresse: https://eur-lex.europa.eu/legal-content/FR/TXT/PDF/?uri=CELEX:31997R0338&from=LV

3. AUBÉ, A., BELZILE, M., BOUTIN, J.-A., et al. (1997). Le Daim guide d’élevage. Centre de référence en agriculture et agroalimentaire du Québec (CRAAQ). 125 p. Grands Gibiers domestiques. ISBN 2-89459-025-3.

4. MUSEUM NATIONAL D'HISTOIRE NATUREL. Daim d’Europe. [en ligne]. [Consulté le 19 décembre 2022]. Disponible à l’adresse: https://www.mnhn.fr/fr/daim-d-europe

5. MUNYAN, L. (2018). L’alimentation chez les cervidés. Colloque Innovations et initiatives en élevage des grands gibiers au Québec. Drummondville. 23 février 2018.

6. DESCOUS, P, PULL, J.-L. et GALY, S. Guide pratique du pâturage, méthodologie de gestion des parcelles. [en ligne]. janvier 2015. Chambre d’Agriculture de l’Aude. [Consulté le 30 mai 2023]. Disponible à l’adresse: https://aude.chambreagriculture.fr/fileadmin/user_upload/National/FAL_commun/publications/Occitanie/Productions_techniques/guidepratique-paturage_ca11-2018.pdf

7. MASTERS, N. et FLACH, E. (2015). Chapter 62 - Tragulidae, Moschidae, and Cervidae. In : MILLER, R. et FOWLER, M. (éd.), Fowler’s Zoo and Wild Animal Medicine, Volume 8. St. Louis : W.B. Saunders, 2015. pp. 611‑625. ISBN 978-1-4557-7397-8.

8. SCHAAL, A., TEILLAUD, P., CAMPAN, R., et al. (1991). Chapitre VI. Le daim. Revue d’Écologie. Supplément. 1991. Vol. 46, n° 6, pp. 219‑232. DOI 10.3406.

9. COUDRAY, D. (2015). Le renne (Ranfifer tarandus) en France : Modalités de la conduite d’élevage et paramètres physiologiques. Thèse de doctorat vétérinaire. Maison-Alfort : Faculté de Médecine de Créteil. 144 p.

10. THÉRIEZ, M. (1988). Elevage et alimentation du cerf. INRA Productions Animales. N° 1 (5), pp. 319‑330.

11. LINSART, A. (2022). Transcender la roue du hamster, ou l’enrichissement du milieu chez les NAC. In : AFVAC -Proceedings du Congrès du Groupement d’Etude des Nouveaux Animaux de Compagnie : De la crête au pompon. Mulhouse, 8 novembre 2022. pp. 116‑119.

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